Diverses situations peuvent entamer la fonction érectile de l’homme. Peu importe l’âge, les difficultés passagères ou chroniques à s’ériger pour avoir des rapports sexuels satisfaisants sont très mal vécues. Lorsque le traitement médicamenteux devient une corvée, la prothèse pénienne peut être la solution. 

 »Finies les tracasseries et les longs séjours hors du territoire national pour corriger la dysfonction érectile sévère.  Depuis Mai 2024, avec l’accompagnement du Ministère de la Santé, nous avons rapproché ce soin des patients béninois. Nous sommes à la deuxième mission internationale », annonce fièrement le professeur Yevi Magloire, Urologue Andrologue en service au CHU de Porto-Novo au Bénin, à l’entame de notre entretien.

Qu’est ce que la prothèse pénienne ?

Tout comme les prothèses mammaires chez les femmes, la prothèse pénienne est un implant, un matériel gonflable ou malléable que le chirurgien insère à l’intérieur du corps caverneux au cours d’un acte chirurgical pour traiter la dysfonction érectile. ‘’ Après fermeture, on laisse la peau de la verge cicatriser. En général, trois mois suffisent pour que les patients retrouvent toute leur capacité érectile. ‘’ précise Magloire Yevi , responsable de la mission internationale de chirurgie prothétique, uro-andrologique du Bénin.

Qui est éligible pour la prothèse pénienne?

Tous les patients qui souffrent de troubles érectiles sont candidats à la pose de prothèse pénienne. La dysfonction érectile étant l’incapacité pour l’homme d’obtenir et de maintenir une érection suffisante pour avoir des rapports sexuels satisfaisants, elle peut être modérée ou sévère. La pose de prothèse va s’imposer dans les cas de dysfonction érectile sévère consécutive ou non à une prostatectomie radicale, traitement chirurgical standard du cancer localisé de la prostate.

 ‘’Que l’on ne s’y méprenne pas, vieux et jeunes peuvent avoir recours à ce traitement. D’ailleurs dans la pratique, je reçois des jeunes de 18 à 25 ans qui souffrent de ces troubles, ainsi que des patients plus âgés, opérés de la prostate ou qui ont marre de consommer des médicaments à chaque fois qu’ils veulent avoir des intimités avec leur partenaire’’, clarifie le professeur.

Yevi Magloire

Ces perturbations de la fonction érectile peuvent être également conséquentes au diabète, à l’hypertension artérielle, au priapisme survenant sur terrain drépanocytaire, un accident vasculaire cérébral, ou à un traumatisme vertébral.

Des complications après la chirurgie prothétique pénienne?

Jusqu’ici, aucune complication majeure n’a été enregistrée après ces interventions chirurgicales. Les implants péniens, tout comme les prothèses mammaires sont des matériels bio acceptés par l’organisme dans la plupart des cas. Les seules éventuelles complications sont les infections qui peuvent survenir lors de toute chirurgie.

‘’ Les rares difficultés notées proviennent du mauvais usage de la prothèse par les patients. Il faut savoir que lorsqu’on porte ce genre de matériel, on ne jacasse pas comme si de rien n’était.’’, prévient le chirurgien urologue-andrologue. “

Il est aussi important de ne pas se volatiliser dans la nature après une telle intervention. Pour le professeur Yevi Magloire, il faut une consultation régulière chez l’urologue-andrologue, une à deux fois dans l’année dans le but de faire apprécier l’état de la prothèse à l’intérieur de la verge.

Que devient la fonction reproductive après la prothèse pénienne?

La prothèse n’affecte pas la fertilité masculine, bien au contraire elle améliore les performances sexuelles de l’homme. Mais attention, tout  dépend de la cause initiale de la dysfonction érectile.

“Dans le cas par exemple d’une prostatectomie radicale qui consiste en l’ablation de la prostate et des vésicules séminales, il est clair que le patient perd ses capacités reproductives non pas à cause de la prothèse pénienne mais à cause du traitement initial qui a lésé le système reproducteur masculin. Dans l’intervention chirurgicale prothétique, on ne touche ni à l’usine de production du sperme que sont les testicules ni à l’urètre, ni à la prostate.

Yevi MAGLOIRE

Quand on est malade, il faut se soigner. Surtout il n’est pas opportun de s’encombrer de sentiments honteux pour passer à côté d’une vie sexuelle épanouie même après un cancer de la prostate.