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Cotonou, uriner à tout va : un péril pour tous

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Ils disent que c’est absolument jouissif d’uriner à l’air libre. Et pourtant les spécialistes de l’environnement et de la santé n’en sont pas si sûrs. La loi béninoise quant à elle, l’interdit avec à la clé des sanctions qui vont de simples amendes à des peines d’emprisonnement.

Un phénomène fréquent…

Dans la ville métropole du Bénin, le phénomène n’est pas rare. Des hommes qui dégainent en pleine ville au mépris de la pudeur pour se débarrasser du contenu de leur vessie, le visiteur peut l’observer au moins une fois dans la journée. Il y a même des zones où le spectacle est habituel comme les abords des caniveaux autour du marché St Michel, le marché international de Dantokpa, aux abords du lac Nokoué et dans le marché de Ladji, aux environs de l’aéroport international, pour ne citer que ces lieux. Et quand les dames s’y mêlent, c’est plutôt choquant. Elles relèvent à peine le pagne à leur hanche ou la robe, et les urines sont déversées au coin de la rue ou dans le caniveau.

Les risques encourus…

Si différer l’envie d’uriner comporte d’énormes risques pour la santé selon l’enseignant à la Faculté des Sciences de la Santé de Cotonou, Dr Magloire YEVI, uriner à l’air libre est tout aussi dangereux pour la communauté. Se retenir d’uriner lorsque le cerveau donne le signal du trop-plein de la vessie expose à plusieurs types de complications au rang desquelles, les infections urinaires. « Les urines qui stagnent dans la vessie s’infectent facilement et induisent plus tard des brûlures mictionnelles, des douleurs qui peuvent irradier jusqu’au niveau de la région lombaire, associées ou non à une fièvre, des mictions fréquentes en petites quantités appelées pollakiurie. «Cela peut conduire aussi à la dysurie pour dire que vous serez obligé de pousser avant d’uriner », prévient le médecin urologue Magloire YEVI. La liste des désagréments de la rétention volontaire d’urine est longue.

La formation de calculs rénaux est la plus grave des complications liées à cette habitude de rétention volontaire d’urine. Le chirurgien Urologue Magloire YEVI ajoute d’ailleurs : « ces pierres appelées calculs rénaux vont ensuite constituer un obstacle à l’évacuation naturelle des urines et, à partir de ce moment vous allez rentrer dans le cercle vicieux de la rétention involontaire d’urine dont la plus grande conséquence est l’insuffisance rénale dite obstructive».

L’environnement aussi en péril…

La règle générale est donc de ne pas prendre l’habitude de différer son envie d’uriner mais cette règle n’implique pas d’uriner à tout va car cette pratique compromet le bien être, cette fois ci de l’entourage. En dehors de la pollution atmosphérique qui peut expliquer les quintes de toux, les rhinites allergiques dont souffrent les riverains, uriner par terre dans les rues de Cotonou peut entraîner des maladies. Les constituants des urines s’infiltrent dans le sol, diffusent des odeurs toxiques dans l’air mais aussi, atteignent la nappe phréatique pas très profonde à Cotonou et les microbes qui s’y trouvent, contaminent les eaux de boissons, les puits. Ce processus peut être à l’origine des infections alimentaires. YEVI MAGLOIRE, parle de « péril Hydro urinaire ». L’eau provenant des nappes phréatiques infectées une fois bue peut-être source d’infections digestives.

Des responsabilités…

Le bon geste de l’un protège l’autre et par conséquent toute la communauté. Pour tous, il serait préférable de ne plus uriner à tout va. Les autorités béninoises devraient également envisager la construction d’ouvrages publics pour l’évacuation des urines dans les normes. Les urines sont une autre richesse pour l’agriculture mais il faut les collecter convenablement.