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Sextape et « Bizzi » au Bénin : au-delà des mœurs, un défi pour la santé sexuelle et reproductive

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Ces dernières années, dans le monde, la révélation de sextape est devenue un phénomène presque banal. Vu du Bénin, le phénomène paraissait bien lointain. Il a pourtant gagné nos cieux, accéléré par un autre fléau : le ‘bizzi’, nouveau nom de la prostitution avec sa particularité d’utiliser les réseaux sociaux.  Alors que la 27ème édition de la Journée internationale des droits des femmes au Bénin coïncide avec de multiples affaires de sextape et de bizzi, portons un regard médical sur le phénomène.

Les affaires de prostitution en ligne, de sextapes et autres vidéos sexuelles sur l’application TikTok ponctuent l’actualité des réseaux sociaux au Bénin. Des faits qui suscitent l’indignation collective de notre société soucieuse de préserver ses valeurs morales. Si l’incidence sur les indicateurs de la santé de la reproduction est moins évoquée, elle est pourtant à craindre.

Rappel sur la santé sexuelle et reproductive

Une bonne santé sexuelle et reproductive est un état de bien-être total sur le plan physique, mental et social, relativement à tous les aspects du système reproductif. Dans cet état, les personnes sont en mesure de profiter d’une vie sexuelle satisfaisante et sûre et ont la capacité de se reproduire et de décider si elles désirent le faire, quand et comment. 

Plusieurs composantes permettent d’apprécier l’état de la santé sexuelle et de reproduction des personnes. L’une d’elles est en rapport avec les infections sexuellement transmissibles y compris le VIH/SIDA. 

La santé sexuelle et reproductive éprouvée

Malheureusement dans les sextapes, de viol ou d’affaire de « bizzi » qui agitent actuellement les réseaux sociaux au Bénin, le port du préservatif est un comportement plutôt rare. Les chiffres en termes de prévalence des infections sexuellement transmissibles au sein de la couche juvénile pourraient donc être préoccupants dans un avenir proche. VIH/SIDA, hépatites B et C, herpès génital, chlamydiose, syphilis, blennorragies, condylomes acuminés sont autant d’infections qui pourraient compromettre la santé sexuelle des jeunes qui s’adonnent aux pratiques sexuelles en cause.

L’Enquête de Démographie et de Santé réalisée en 2012, estime à 1,2 le taux de prévalence du VIH/SIDA dans la population générale (15 à 49 ans) au Bénin. Ce chiffre pourrait cependant connaitre une augmentation notamment au sein des jeunes (15 à 24 ans) d’ici quelques années si les habitudes qui se révèlent au grand jour et donc ayant tendance à se banaliser continuent. Or, on sait que les nouvelles infections sont entre autres tributaires de la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. Et même si ce volet de la riposte est largement accessible aux parturientes dans les maternités du Bénin, certaines parturientes peuvent échapper à ce type de prévention et menacer les acquis dans le domaine.

La liste des dégâts sanitaires au bout de ces affaires de ‘bizzi’, de sextapes, et autres phénomènes est longue

Que dire des cancers génitaux qui sont l’autre indicateur de la santé de la reproduction ? Le Human Papillomavirus (HPV) responsable du condylome acuminé est le principal mis en cause dans l’apparition du cancer du col de l’utérus. C’est un virus à ADN transmissible plus souvent par contacts sexuels non protégés. Les jeunes les plus sexuellement actives sont les plus exposées au risque de contamination et d’atteinte pré-cancéreuse. Les facteurs aggravants sont la précocité des premiers rapports sexuels, la multiplicité des partenaires, le tabac et la présence d’une autre maladie sexuellement transmissible. Cause d’infertilité et de décès maternels, son impact sur la santé de la reproduction n’est pas à démontrer. Par ailleurs, le HPV peut induire de cancer de l’anus chez l’homme comme chez la femme, tout dépend du type de HPV contracté.

Il ne serait pas exagéré de parler aussi de l’augmentation du taux de décès maternels liés aux avortements clandestins. Certes désormais au Bénin les derniers textes sécurisent davantage le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Mais puisque cette loi divise et que la stigmatisation des filles et femmes qui ont recours à ce type de soin est toujours d’actualité, la fin des mauvaises pratiques en la matière n’est pas pour demain. Les décès maternels (jeunes filles) estimés à 20% pour cause d’avortement clandestin, ont été brandis pour justifier l’assouplissement de l’accès à l’IVG.  Pourtant, la réduction de ce taux n’est pas gagnée avec la multiplication des pratiques sexuelles compromettantes. Les grossesses précoces sont aussi source d’hémorragie de délivrance, des fistules obstétricales, toutes choses responsables de mortalité maternelle.

La liste des dégâts sanitaires au bout de ces affaires de ‘bizzi’, de sextapes, et autres phénomènes est longue. Les grossesses extra-utérines peuvent être la conséquence d’une mauvaise utilisation des pilules pour celles qui daignent en prendre.

Oser l’éducation à la sexualité

En conclusion, cette problématique, apparemment liée aux mœurs, si l’on n’y prend garde pourrait faire virer au rouge les indicateurs de la santé sexuelle et reproductive.

Pour espérer renverser la tendance, une éducation adaptée à l’ère du numérique devrait être envisagée au niveau de la cellule primaire de l’enfant : la famille. Tout en respectant les droits sexuels des uns et des autres, l’éducation à la sexualité complète devrait être un droit pour une jeunesse de plus en plus responsable et un monde plus juste et plus égalitaire.

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